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Interview-rencontre avec Stéphanie TUBERT-JEANNIN, responsable scientifique du projet européen O-Health-Edu

Publié le 18 mai 2020 Mis à jour le 18 mai 2020

Le Pr Stéphanie TUBERT-JEANNIN est professeur d’université et praticien hospitalier en santé publique orale à l’UFR d’odontologie, membre du Centre de recherche en odontologie clinique (CROC, EA 4847 UCA) et coordinatrice du projet européen O-Health-Edu.

Le projet O-Health-Edu «Advancing Oral Health : A vision for dental education», financé au titre du programme KA203- "Partenariats stratégiques pour l'enseignement supérieur", a débuté en octobre 2019 pour une durée de trois ans. Il s’intéresse à l’avenir de la formation des professionnels de santé orale en Europe et est coordonné par l’Université Clermont Auvergne

Rencontre publiée dans le septième numéro du Lab, journal de la recherche de l'UCA.
 

Quels sont les objectifs du projet O-Health-Edu ?

La formation des professionnels de santé orale est en pleine mutation, en lien avec les évolutions technologiques et sociétales dans le domaine de la santé et de l’enseignement supérieur. La formation a longtemps été centrée sur l’enseignant, avec une formation en silo, découpée en disciplines et des étudiants passifs devant apprendre des quantités importantes de connaissances délivrées de façon descendante. En santé, les méthodes pédagogiques ont peu à peu évolué, et la formation centrée sur l’étudiant, se développe avec des étudiants rendus plus actifs et des pro- grammes intégrés, basés sur une approche dite par compétences. Cette évolution a été rendue nécessaire par le besoin d’évaluer les acquis et de s’assurer d’avoir des professionnels autonomes, capables d’avoir une pratique sûre et efficace, centrée sur les besoins des patients et populations. Ce processus de changement n’est pas en place partout ni de façon complète pour la majeure partie des formations européennes. L’objectif de O-Health-Edu est de permettre une meilleure compréhension de la réalité de la formation des professionnels en santé orale en Europe. Ce projet s'articule autour de trois objectifs. Le premier est de mieux connaitre les modalités de formation des professionnels, le second est de permettre une compréhension commune et partagée de ce constat avec les acteurs et décideurs européens intéressés par la santé orale. Le dernier objectif est de développer une vision pour l'avenir de la formation des professionnels de la santé orale, de définir des priorités stratégiques et de soutenir les changements à venir. Ce projet vient se positionner dans la continuité d’un projet européen précédent intitulé Dented porté par l’ADEE (Association for Dental Education in Europe), qui a permis une promotion de la qualité de la formation à l’échelle européenne, et a abouti à la rédaction du profil de compétences du diplômé européen, qui constitue un document de référence majeur pour l’ensemble des UFR d’odontologie européennes.

Que vous apporte le programme Erasmus +, au delà d'un financement?

Avec cette reconnaissance du programme Erasmus +, le projet O-Health-Edu et plus largement l’UFR d’odontologie de Clermont-Ferrand, peuvent s’inscrire pleinement dans la stratégie internationale de l’Université Clermont Auvergne (UCA). La construction d’un Espace Européen de l’Enseignement Supérieur (EEES) est une réalité mais aussi une nécessité, à la fois pour les étudiants dont la mobilité est encouragée, pour la recherche qui s’enrichit par le croisement de compétences ainsi que pour la promotion de l’excellence pédagogique dans un contexte d’émulation voire de concurrence internationale.
Le Projet O-Health-Edu représente aussi une occasion de saluer l’engagement de l’UFR d’odontologie de l’UCA, qui a su prendre sa place très tôt dans le cadre européen (membre de l’ADEE depuis 1998 et une des premières UFR visitées dans le cadre du programme Dented). Le projet arrive aussi dans un contexte où les attentes sont très grandes pour plusieurs rai- sons dans l’Union Européenne. La directive européenne qui régit les études odontologiques est en voie d’être révisée et ce pour y intégrer potentiellement la notion d’approche par compétences. Dans ce contexte, les résultats du projet sont très attendus, afin de fournir au public, aux étudiants, aux enseignants, professionnels et décideurs européens, les informations utiles à des prises de décisions éclairées.
 

Huit partenaires sont investis dans ce projet, quels sont leurs rôles ?

Le projet est coordonné par l'UCA en lien avec huit partenaires européens. Ces partenaires constituent une équipe d’enseignants-chercheurs, tous expérimentés dans le domaine de la pédagogie appliquée au domaine de la santé orale en Europe. Tout en travaillant ensemble tout au long du projet, ils vont être chargés successivement d’assurer la responsabilité des « Intellectual Outputs (IO) » les treize objectifs du projet.
Il s’agit de viser à un consensus sur la situation actuelle, les besoins et les exigences en matière de formation des professionnels de la santé orale en Europe. La première phase intègre une revue de littérature suivie de la réalisation d’une enquête par questionnaire (IO 1,2,3,4). Un document de consensus associé à un glossaire, reflétera la position des partenaires sur l'état actuel de la formation des professionnels de la santé bucco-dentaire en Europe (IO 5,7).

D'autres IO (6,8,9), correspondent à la rédaction de documents courts et en libre accès pour informer les citoyens, les patients ou l’industrie sur des aspects spécifiques relatifs à la formation des professionnels de la santé orale et sur sa relation inhérente avec la recherche, l'innovation et les questions de santé publique. Une charte des priorités éducatives pour l'avenir de la formation des professionnels de la santé orale en Europe examinera la manière dont la formation pourrait être renouvelée (IO 10,11). Une analyse externe d'un processus de planification des changements de programmes de formation sera effectuée (IO 12) conduisant à l'élaboration de boîtes à outils pour soutenir ces changements (IO 13). L’ADEE est en charge plus spécifiquement de la dissémination du projet. L’UCA prend en charge elle-même certains IO ainsi que la coordination d’ensemble du projet tant sur le volet académique qu’administratif ou financier.



Le projet O-Health-Edu est cofinancé par l'Union Européenne dans le cadre des Partenariats stratégiques du programme Erasmus +