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Chez les séniors, un régime riche en protéines végétales est aussi efficace qu’un régime de protéines animales mais sous certaines conditions

Publié le 18 avril 2019 Mis à jour le 18 avril 2019

Un texte de la Minute Recherche par Dominique Dardevet (UNH, unité mixte de recherche INRA / Université Clermont Auvergne).

La sarcopénie, diminution de la masse et de la fonctionnalité musculaire avec l’âge, peut en partie être expliquée par une résistance anabolique du muscle aux protéines alimentaires. On préconise aujourd’hui pour les personnes âgées, non seulement une augmentation de l’apport protéique de 0.8 à 1.2g/kg/j mais aussi l’ingestion de protéines de bonne qualité à digestion rapide et riches en leucine comme celle du lactosérum[AN1] (petit lait). Cependant, en raison de l’augmentation de la démographie mondiale et donc de la demande en protéines animales, la fourniture en protéines animales risque d’être insuffisante. Bien que les protéines végétales ne soient pas suffisamment riches en certains acides aminés essentiels, combinées avec des protéines animales, elles pourraient être plus largement valorisées dans l’alimentation humaine. De tels mélanges doivent cependant être vérifiés et optimisés chez les personnes âgées[AN2] (60 ans+) pour lesquels l’apport en protéines est primordial pour maintenir leur indépendance.

L’objectif de l’étude était d’élaborer une formulation protéique à forte proportion en protéines végétales permettant de maintenir la masse musculaire chez les séniors.
Nous avons étudié 5 régimes différents au cours du vieillissement :
  • 3 régimes dont la teneur en protéine était de 13%, chacun composé d’un seul type de protéine c’est-à-dire, soit de la caséine (Cas13), soit du lactosérum (Lac13), soit du soja (Soja13).
  • 1 régime dans lequel 70% des protéines du lactosérum ont été remplacées par du soja en maintenant la teneur en protéine à 13% (Soja/Lac13)
  • 1 régime dans lequel 70% des protéines du lactosérum ont été remplacées par du soja en augmentant de 25% la teneur en protéine (Soja/Lac16.5). Dans ce régime on aura la même quantité de leucine ingérée qu’avec un régime 100% Lactosérum à 13% (Lac13)
Une mesure de l’anabolisme musculaire a été réalisée à jeun (0) et en cinétique post prandiale soit 90, 180 et 240 minutes après l’ingestion des régimes.
Les résultats de l’étude montrent que la caséine est inefficace confirmant la résistance anabolique à l’effet du repas chez la personne âgée. Le régime (Lac13) et (Soja/Lac16.5) ont permis de contrecarrer la résistance anabolique et d’augmenter à nouveau l’anabolisme musculaire chez la personne âgée. Quand le repas ne contient que du Soja (Soja13) ou que le taux protéique est abaissé à 13% pour le Soja/Lac (Soja/Lac13), l’effet anabolique n’est plus maximal.
En conclusion, il s’avère qu’en remplaçant 70% des protéines animales par des protéines végétales tout en augmentant le taux protéique de 25%, on peut maintenir l’effet anabolique du repas chez les personnes âgées comme le ferait le lactosérum d’origine animale.