Publié le 11 décembre 2024 Mis à jour le 14 novembre 2025

Un texte de la Minute Recherche par Arnaud Briat (IMoST, UMR Inserm / UCA).

L’arthrose a un impact majeur sur la qualité de vie des patients et constitue un véritable problème de santé publique dans les pays occidentaux. Elle affecte en effet près de 10% de la population mondiale et il est estimé que près de 65% des individus âgés de plus de 65 ans devraient développer des lésions arthrosiques. L’arthrose se caractérise par une dégradation progressive des articulations, se traduisant principalement par des douleurs chroniques et une limitation fonctionnelle pouvant entrainer une perte de mobilité. Les progrès menés dans la compréhension de cette pathologie ont permis d’identifier des cibles thérapeutiques prometteuses, avec l’émergence des traitements structuro-modulateurs, visant à prévenir ou à ralentir la progression de la maladie. De ce fait, il est important de proposer des stratégies innovantes pour l’évaluation non invasive de l’efficacité de ces traitements émergents.

Dans ce contexte, nous avons développé une stratégie d’imagerie scintigraphique fonctionnelle des articulations. Elle se base sur l’utilisation d’un radiotraceur (le [99mTc]Tc-NTP-15-5) qui cible les protéoglycanes du cartilage, macromolécules qui confèrent à ce dernier ses propriétés biomécaniques.

La pertinence de l’imagerie scintigraphique avec ce radiotraceur du cartilage a été évaluée dans un modèle d’arthrose chez la souris, en l’absence et en présence d’un traitement structuro-modulateur, la sprifermine, permettant de freiner, voire de restaurer l’intégrité du tissu cartilagineux. Chez la souris, l’accumulation articulaire du radiotraceur est visualisée par imagerie scintigraphique dès 30 mn après son injection par voie intraveineuse. Cette spécificité est à l’origine d’un excellent contraste, et autorise la quantification de la fixation au niveau du cartilage du fémur et du tibia. En situation d’arthrose, une fixation différentielle du radiotraceur entre le genou pathologique et le genou contrôle est visualisée, et semble liée au remodelage pathologique de l’articulation. Sous sprifermine, un effet protecteur de la dégradation articulaire est observé, et corrélé à une amélioration de la fixation du radiotraceur au niveau de l’articulation pathologique. 

Les résultats obtenus lors de ce projet ont démontré le potentiel du radiotraceur [99mTc]Tc-NTP-15-5 pour le diagnostic précoce de l’arthrose et l’évaluation des thérapies structuro-modulatrices innovantes. Ce traceur fait actuellement l’objet d’une étude de première administration à l’homme, dont les résultats semblent très prometteurs.

Le radiotraceur 99mTc-NTP 15-5 se fixe au cartilage des articulations chez la souris (Image TEMP/TDM 3D centrée sur les genoux. Une fixation spécifique est observée au niveau des condyles fémoraux (CF) et des plateaux tibiaux (PT), ainsi qu’une élimination urinaire (Vessie, V). L’échelle de couleur représente la concentration de radioactivité, de la plus faible, en noir, à la plus élevée, en rouge).
 
 Laboratoires partenaires
  • INSERM U938/CRSA/Sorbonne Université (Paris, France)
  • Merck (Global Clinical Development) (Darmstadt, Allemagne)
  • Centre Jean Perrin (Dpt Médecine Nucléaire) ( Clermont-Fd, France)
  • AP-HP Hôpital Saint-Antoine (Paris, France)