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L’acide alpha-linolénique issu des huiles végétales est-il un acide gras oméga 3 bénéfique pour le cœur dans le cadre de l’infection microbienne ?

Publié le 1 avril 2021 Mis à jour le 1 avril 2021

Un texte de la Minute Recherche par Luc Demaison (UNH, unité mixte de recherche INRAE / Université Clermont Auvergne).

Les nombreux décès liés à l’infection microbienne sont très souvent dus à une défaillance cardiaque. La communauté scientifique a montré que certains oméga 3 d’origine marine (EPA) protègent la fonction cardiaque dans cette pathologie et favorisent la guérison des patients. Tout l’enjeu est de savoir si les oméga 3 d’origine végétale contenus dans les huiles de colza ou de lin par exemple, de structure chimique différente des oméga 3 d’origine marine (poissons, crustacés, mollusques, certaines algues), présentent les mêmes propriétés cardio-protectrices au cours d’une infection microbienne.

Des rats ont été nourris avec des sources d’oméga 3 d’origine végétale ou marine et une infection microbienne (péritonite) a été provoquée expérimentalement. La fonction cardiaque a été mesurée dans l’organisme entier et, en parallèle, sur un modèle expérimental de cœur isolé. Dans le modèle expérimental, la nutrition du cœur a été assurée par un débit coronaire approprié et constant. Dans ces conditions, l’activité contractile du cœur traduit la santé des cellules musculaires cardiaques. Les résultats du cœur isolé indiquent que les cellules cardiaques sont protégées par les deux types d’oméga 3 (d’origines végétale et marine).

En revanche, dans l’organisme entier, les cœurs de rats nourris avec les huiles végétales présentent une activité très détériorée qui s’explique par une baisse du débit coronaire régissant l’apport nutritif au cœur. Cette baisse du débit coronaire s’explique par des modifications de la composition chimique des membranes des cellules cardiaques. A partir des omégas qui les constituent, les membranes sont normalement capables de produire des substances régulant le débit coronaire. Avec les huiles d’origine végétale, elles se raréfient, la perfusion coronaire est réduite et, de ce fait, l’activité cardiaque diminue. Avec les oméga 3 d’origine marine, ces substances ne sont pas réduites, le débit coronaire est excellent et l’activité cardiaque est améliorée. Ainsi les oméga 3 d’origine marine sont cardio-protecteurs au cours d’une infection microbienne alors que ceux d’origine végétale ne présentent pas cet effet bénéfique et peuvent provoquer le décès des patients en raison d’un débit coronaire trop faible.

Les oméga 3 d’origine marine sont principalement représentés par deux molécules absentes des huiles végétales : l’EPA et le DHA. Nos travaux ont montré que l’EPA est cardio-protecteur au cours de l’infection microbienne, mais on ne sait pas si le DHA l’est également.